|
Le syndrome des bâtiments malsains.
Historiquement, les bâtiments ont toujours été, à des degrés divers, un facteur d’insalubrité (odeurs de cuisson rarement bien évacuées, abri donné à des maladies contagieuses comme la peste bubonique, émanation de certains matériaux de construction ou d’ameublement).
Plus récemment, les bâtiments modernes équipés de façades de plus en pus étanches à l’air, de locaux de second jour et d’installations de conditionnement d’air ont modifié les données du problème et ont donné lieu à ce qu’il est convenu d’appeler le " syndrome des bâtiments malsains ", encore connu sous son appellation anglo-saxonne : SBS OU Sick Building Syndrome.
Parmi les facteurs à l’origine de ce syndrome, on peut citer ceux qui ont une relation direct avec les systèmes de climatisation ou le bâtiment lui-même.
Les facteurs liés à l’humidité de l’air.
L’humidité est responsable de 2 types de pathologies : celles liées aux rétentions d’eau dans les installations de distribution d’air qui sont à l’origine de la légionellose et, celles liées à l’humidité de l’air intérieur qui est un polluant tout à fait particulier, dans la mesure où il peut avoir des effets non seulement sur la santé mais aussi sur la sensation de confort et l’état du bâtiment.
Humidité de l’air intérieur.
L’humidité relative de l’air intérieur doit rester inférieure à un certain taux de l’ordre de 85% pour éviter le développement de moisissures.
Pour ce qui concerne les effets directs sur la santé, on considère généralement que l’humidité relative doit rester dans une certaine plage (40% à 70%) de façon à prévenir les affections respiratoires et les pathologies d’hyperréactivité bronchiques pouvant être induites par la présence d’acariens dont la prolifération est d’autant plus importante que l’humidité est élevée.
Légionellose et rétentions d’eau dans les installations.
Origine.
Les légionellose sont des maladies provoquées par un Bacille Gram Négatif, bactérie identifiée en 1976. Elle fut dénommée Légionella pneumophila en raison de son tropisme pour les poumons.
Ces bactéries se développent potentiellement dans les eaux stagnantes et peuvent donc être isolées dans les lacs d’eau douce, dans les distributions d’eau chaude sanitaire ou même dans l’eau de boisson.
Epidémiologie.
En matière épidémiologique, outre les origines naturelles (terre humide, lac, sources chaudes), il faut citer 2 sources principales :
Les systèmes de conditionnement d’air et plus particulièrement les dispositifs d’humidification de l’air ainsi que les tours aéroréfrigérantes qui sont le premier réservoir connu de légionelles. Le mécanisme de la contamination est le suivant : les tours sont des réservoirs de légionelles qui, présentent dans des gouttelettes en suspension véhiculées par l’air de balayage, peuvent être reprises par les grilles d’aspiration d’une installation voisine si la tour n’est pas équipée du dispositif pare-gouttelette efficace.
Les réseaux d’eau sanitaire n’ont été identifiés que plus récemment en 1979, comme source de légionelle responsable de nombreuses pathologies. Une enquête récente menée par le laboratoire d’hygiène publique de la ville de Paris a permis de démontrer que la bactérie ne se développait que dans les installations intérieures des immeubles où les possibilités de stagnation d’eau sont les plus importantes. L’enquête a en effet montré que environ 15% des distributions intérieures d’eau froide étaient contaminées contre environ 50% pour l’eau chaude alors que le réseau de distribution publique était totalement exempt de toute contamination.
Mesures préventives dans les installations de conditionnement d’air.
La prévention technique est, dans son principe, simple, puisqu’elle consiste à éliminer toute possibilité d’eau stagnante. Parmi les dispositions à prendre, on peut citer :
La collecte des eaux résiduaires, au plus près de leur source, en canalisations fermées avec acheminement direct des égouts ; le traitement de ces collectes contre l’invasion de mousses et d’algues,
La visite périodique des pulvérisateurs et aérateurs avec, le cas échéant, nettoyage.
Incidence du recyclage d’air.
Le recyclage d’air consiste à réintroduire dans les locaux, pour en récupérer l’énergie, une partie de l’air repris et donc pollué de ces mêmes locaux. Cette pratique, qui s’est développée avec la crise de l’énergie, pose des problèmes d’hygiène, car, malgré la filtration et le traitement de l’air recyclé, certains contaminants et notamment les contaminants gazeux ne peuvent être éliminés. De plus, il y a possibilité de contamination de la surface intérieure des conduits, tout particulièrement dans le cas où il y a possibilité de fumer.
Si néanmoins, des installations à recyclage d’air sont prévues, il convient d’être vigilant sur un certain nombre de points et notamment :
Proscrire les chambres moissonnées, source de pollution et d’empoussièrement de l’air,
En exploitation, réserver de préférence le recyclage aux périodes de non occupation en privilégiant le tout air neuf pendant les périodes d’occupation,
En maintenance, vérifier régulièrement le bon fonctionnement des volets d’admission d’air neuf,
Prohiber tout recyclage d’air en provenance des locaux à pollution spécifique, ce qui signifie que, au cours de la vie du bâtiment, les affectations de ces locaux ne doivent pas être modifiées sans précautions.
Matériaux constitutifs du bâtiment ou du mobilier
Les matériaux utilisés pour le mobilier, les revêtements ou lors de la construction, peuvent donner lieu à émanation de contaminants chimiques devant être évacués par le système de ventilation. Il est cependant essentiel de réduire les émissions de polluants. Parmi ceux-ci, le formaldéhyde est une cause majeure d’insalubrité en raison de sa présence dans certaines résines (bois, contre-plaqué, colle, etc.), même plusieurs années après l’installation de ces produits. On peut également citer certains matériaux isolants qui peuvent laisser s’échapper des poussières de fibre de verre ou de laine minérale. Dans les immeubles tertiaires, les machines émettent fréquemment de l’ozone, de l’ammoniaque ou des solvants volatils nuisibles à la santé. Les locaux qui les abritent doivent donc être classés dans la catégorie des locaux à pollution spécifique et ne peuvent en tous cas donner lieu à recyclage.
|